Le sujet des relations entre la Synagogue et l’Église s’est imposé dans les débats religieux, historiques et sociologiques. Il est animé par des théologiens, historiens et sociologues dont la liste est fort longue. Il fallait en effet, à la suite des jugements du tribunal de Nuremberg en 1946, examiner en profondeur les causes premières et leurs conséquences dans ce monstrueux conflit qui a fait tant de victimes et parmi elles tant sont juives. Dans la liste de ces spécialistes, il y a Jules Isaac qui avec ses livres fondamentaux : « L’enseignement du mépris » suivi de celui-ci en forme de question, « L’antisémitisme a-t-il des racines chrétiennes ? » et aussi de, « Jésus et Israël ». Il a été l’un des tous premiers à explorer in extenso les causes religieuses du déchirement survenu au cours des siècles, entre ces deux entités distinctes. Elles sont si proches l’une de l’autre cependant, ne serait-ce que par l’étymologie de leur nom, l’une en grec dérivée de « Sunagôgê » et l’autre en latin, « Ecclésia », toutes les deux signifient : « assemblée ». Elles sont si proches également par leur finalité en tant que lieu du culte au même Dieu : unique, créateur, sauveur d’Israël et par la « Nouvelle Alliance », de l’humanité tout entière. Avec cette première idée de base, il m’a paru intéressant de mettre en relief les trois périodes majeures de leur évolution respective à savoir : leur genèse à l’une et à l’autre, puis le divorce douloureux qui a séparé durablement leur destin. Enfin dans une troisième partie, j’ai voulu évoquer les voies de la réconciliation et de la communion mutuelle si hautement désirable pour la paix et la concorde entre les religions et au-delà dans la société tout entière. Ces trois périodes justifient le titre du livre : « Filiation, Divorce et Réconciliation ». Pour rendre compte de façon crédible, de ce long parcours dans le temps par ces quelques pages, il fallait naturellement être très synthétique, multiplier les raccourcis, enjamber les siècles sans jamais perdre le fil conducteur ; j’espère y être parvenu.
